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mardi 4 mars 2014

Fin du 18...

De la lecture des deux rapports, il appert… J'aime bien ce verbe, moi, pas vous ? Infinitif : apparoir. Enregistrez-le ça peut vous permettre de briller en société, un jour… Il appert donc, disais-je, que le modus operandi de notre tueur est globalement respecté : Tortures, viols multiples, assassinat. Pas de traces ni d'empreintes. La porte de l'appartement n'a pas été forcée. Tout semble bien indiquer que nous avons affaire à notre saigneur. Sauf que… Quelques points de détails me gênent. J'en dresse la liste pour tout le monde :
-" premièrement, le digicode a été brisé violemment, et gratuitement, car sa destruction n'a pu provoquer l'ouverture de la porte. Voilà qui ne ressemble pas à notre méticuleux ennemi."
Romagne  tente une hypothèse :
-" Il lui fallait aller vite, cette fois-ci, il a peut-être détruit l'appareil pour pouvoir demander à l'un des occupants de l'immeuble, arrivant avec une clé de l'extérieur, de le faire entrer, en prétextant l'impossibilité matérielle de prévenir son hôte.
- C'est pas idiot, Rital, pas idiot du tout. Mais alors la question est : pourquoi est-il pressé ?
- Tiens, c'est vrai, ça, pourquoi ?" s'étonne la Belette. "Il n'avait aucun besoin de frapper si vite après m'avoir ratée. Au contraire, même, il aurait eu intérêt à prendre son temps.
- Sauf s'il voulait que ce meurtre ait lieu pendant la garde à vue de Leclerc, juste histoire de l'innocenter…"
Ma petite hypothèse jette un froid. Je les laisse cogiter une minute et j’enchaîne :
-" autre différence, la durée du bal des vampires. D'après la légiste, la séance a duré deux heures seulement. Ce qui n'est pas dans ses habitudes.
- Peut-être que la jeune madame Ferricelli n'a pas pu résister plus longtemps, son cœur…
- Hélas non, Mathilde. Elle est morte saignée comme un goret.
- Même hypothèse que pour le premier élément, cap'taine," expose Médard Lamousson posément. " Pris par le temps, il voulait dégager le plancher avant le retour du commissaire.
- Oui, c'est aussi ce que je pense, et ça renforce l'idée qu'il fallait que le meurtre ait lieu ce jour là, malgré les distorsions que cela entraînait dans son mode opératoire. J'ajoute que ça signifie aussi qu'il savait que le commissaire serait absent toute la nuit.
- Ça, c'était pas très difficile à deviner, capitaine," intervient le Rital. "On sait que notre saigneur prépare soigneusement ses coups en observant le comportement de ses victimes et de leur entourage. Il a du comprendre très vite que le boss passe une bonne partie de ses nuits au bureau, alors là, avec un suspect sur le grill…
- Admettons, ça n'en reste pas moins louche. Troisième point : l'absence totale d'imagination. Le meurtre de madame Ferricelli, au délire vaudou près, est assez sensiblement le même que l'affaire qui a entraîné toutes nos recherches. Mêmes tortures, en concentré, mêmes viols, il a même commencé à la découper en morceau, sauf qu'il s'est arrêté aux phalanges des mains.
- Peut-être encore pris par le temps… tente la Belette, sans grande conviction.
- Peut-être en effet, Isabelle, mais ce n'est pas tant le fait qu'il ne soit pas allé au bout de son découpage, qui me gêne, c'est plutôt l'impression qu'il a maladroitement tenté de copier le meurtre précédent, alors que, dans le passé, il créait chaque fois une situation nouvelle. Plus on avance, et plus je crois que le meurtre de madame Ferricelli n'est pas imputable au même tueur, mais plutôt soit à un copieur, soit à un complice de Leclerc qui cherchait à l'innocenter. Et la précipitation dont il a fait preuve m'incite à considérer la seconde hypothèse comme la plus probable.
- Je ne suis pas d'accord avec vous, patron… Euh, capitaine !" intervient de nouveau le Rital. À mon avis, le même tueur, vexé d'avoir manqué Isabelle alors qu'elle l'avait nargué, a pu vouloir se venger de la brigade en frappant à la tête le plus rapidement possible, histoire de nous démontrer qu'il est toujours le maître du jeu. C'est assez dans les manières de ce genre de tordus, non ?
- C'est une possibilité qui n'est pas à négliger, en effet. Même si le strict respect de leurs habitudes est une sorte de fierté et de signature pour eux…
- Ben moi, je suis sûre que c'est le capitaine qui a raison. Parce qu'il y a un autre élément, dans ces paperasses, que vous avez tous pris pour un point commun, alors, que c'est au contraire une différence !"
Sur ce coup là, la Belette parait tourner au triphasé. On s'attend presque à lui voir sortir des étincelles de la bouche.
-" Nous t'écoutons, Isabelle, qu'avons-nous manqué ?
- Les viols !
- Ben, elle a été violée, sodomisée et a sans doute subi une fellation, mais ce n'est pas la seule…
- Non, sauf qu'elle a subi ça en deux heures. Or je sais bien, moi, que le tueur ne peut se retenir plus de cinq minutes, tant son excitation est grande, et qu'il est tout aussi incapable de remettre le couvert dans les deux heures. Ce n'est pas le même mec qui nous a violées, cette pauvre femme et moi, j'en mettrais mon cul sur une plaque électrique !"


Je ne sais pas pourquoi elle ferait ça, mais si nous étions seuls, je l'embrasserais.

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