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jeudi 15 novembre 2012

Bon vent



Un peu d'étymologie, de nouveau. Nous allons nous intéresser à quelques questions digestives. Notre nouvelle conférence aura en effet pour thème :

Des féculents et gaz à effet de serre

En application du principe que vous maîtrisez parfaitement à présent, nous allons nous intéresser à l'étymologie des termes en question, en commençant, à tout seigneur tout honneur, par le mot "féculent".
J'entends déjà les amis du petit Robert, et notamment sa copine, la rousse, pontifier en ânonnant sans comprendre les pages des dictionnaires. Féculent aurait pour origine le mot latin "faex", qui signifie "lie", par l'intermédiaire de son diminutif "fécula", (dont vous aurez noté qu'il est plus long que le nom d'origine, un comble pour un diminutif, non ?) qui doit donc signifier petite lie. Ce qui ne veut rien dire, vous me l'accorderez. Cette petite lie ne constitue jamais que le berceau de la bêtise étymologique, dans lequel nous ne nous laisserons pas endormir. Revenons à nos principes simples et efficaces ! Entendons le son du mot sans nous laisser brouiller l'écoute, et replaçons le vocable dans son époque.
Le terme féculent est en effet un vieux mot, qui trouve son origine au moyen-âge. À cette époque, la langue française s'installe et commence à s'unifier sur l'ensemble d'un territoire aux contours encore mouvants. Les dialectes et patois se rapprochent, et certains mots acquièrent vite une portée universelle. Le cul est de ceux-là ! Cul-de-sac, cul de basse-fosse sont des expressions nées à cette époque. Le coup de pied au cul est encore une arme, en ces temps reculés qui ne connaissent pas la poudre (enfin, en France). Le terme n'a rien de grossier. Il est sobrement anatomique, et peut même donner lieu à de gentilles expressions. Un cucul à pralines est ainsi le derrière d'une jeune fille, supposé ne donner encore que de petites crottes. En avoir ras le cul, c'est être emmerdé au-delà du supportable. La culotte est l'emballage d'un cul (c'est pas que vous l'ignoriez, mais vous n'y aviez jamais pensé). Un cul béni est un hypocrite, qui, pour proclamer sa foi de manière ostensible se prosterne, là où les gens simples s'agenouillent. De ce fait, c'est son postérieur qui reçoit l'eau bénite envoyée par le cul-raie, qui se trouve être, lui, un cul soutané. Un cul-terreux n'est pas un paysan, comme on le croit souvent, mais un homme du peuple, qui va à pied, et qui donc éclabousse de boue le fond de sa culotte en marchant sur les chemins de terre, tandis que les nobles, à cheval, ne se salissent que le bas des bottes. Cependant, pour tenir sur leur monture, ils sont forcément un peu cul-serrés. Si serré, d'ailleurs, et si tanné par les kilomètres de "tape-cul", que leur peau est, à cet endroit, devenue trop dure pour accepter une piqure. Le médecin est donc contraint d'injecter ses produits dans le gras de la cuisse, par une piqure "sous cul tanné".  L'expression "avoir le feu au cul" ne signifie pas courir comme si son pantalon flambait, ce qui serait stupide et attiserait les flammes, ni même être avide des plaisirs de la chair, le cul n'étant, en ce domaine, qu'une option. À l'origine, elle qualifiait une personne confortablement installée dans la vie, comme une marmite dans son âtre, le ventre plein de viande et de légumes, et le feu au cul… Les histoires de cul, rapportées pour nuire aux personnes concernées, sont rarement sans fondement. Un film, à l'époque, ne désigne évidemment pas encore une pellicule cinématographique. Il s'agit d'une feuille de matière très fine, comme dans l'expression moderne "un film plastique". Au moyen-âge, il n'était pas question de plastique, bien entendu. Le film en question est en général d'étoffe fine et élégante, et sert de vaporeux dessous aux dames de la noblesse. Du coup, les chevaliers servants apprécient les films de cul.
Pourquoi ce long préambule ? Pour vous prouver, si nécessaire, que le mot cul est alors un mot ordinaire, et qu'on le trouve mis à toutes les sauces, sauces que l'on assemble d'ailleurs dans un cul de poule ! C'est dans ce contexte historique que naît le féculent. Les voyages sont alors longs et malcommodes, qu'on utilise une carriole, une diligence, ou que l'on aille à pied. Les sanisettes Decaux n'existent pas encore, vu que la publicité n'a pas été inventée. Avoir une grosse envie, en plein voyage, s'avère donc particulièrement chiant. Du coup, pour éviter les problèmes, on se nourrit, avant de partir, d'aliments roboratifs qui ont la particularité de ralentir le transit intestinal, ce qui permet de rallier l'étape sans désagrément. On dit d'un tel aliment qu'il fait cul lent. C'est aussi simple que cela.
Que viennent ici faire les gaz à effet de serre, me direz-vous ? Ils révèlent, classiquement, une déviation de l'orthographe. En ces temps là, en effet, les serres n'avaient pas encore été inventées. En revanche, les voyageurs avaient noté que la consommation fréquente des "fait cul lent", ou féculents, provoquait un effet secondaire au ralentissement du transit : la génération de gaz intestinaux aussi bruyants que peu chargés en pestilences. Les plus experts de ces voyageurs réussirent à maîtriser ces vents finalement plus drôles que gênants, jusqu'à pouvoir en contrôler le débit et la vigueur afin de faire rire leurs contemporains pendant les voyages en produisant des bruits incongrus, certains réussissant même à jouer de la musique. Mais les plus malins avaient également noté que la violence des sons produits par des culs entraînés pouvait égaler le fameux brame des cervidés mâles à l'époque du rut. Ils utilisèrent donc cette capacité comme un appeau, créant ainsi le phénomène des gaz à effet de cerf ! C'est de là que provient l'habitude qu'ont les chasseurs de manger de façon fort roborative AVANT de partir à la chasse. Nous ajouterons que toute personne qui a eu l'occasion de suivre une chasse a pu constater que les chasseurs modernes ont su adapter leur production à l'échantillon des gibiers actuels. De là à prétendre que ça réchaufferait la planète… Le fond du slip, je ne dis pas, et encore, pas beaucoup.

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