Un
peu d'étymologie, de nouveau. Nous allons nous intéresser à quelques questions
digestives. Notre nouvelle conférence aura en effet pour thème :
Des féculents et gaz à effet
de serre
En
application du principe que vous maîtrisez parfaitement à présent, nous allons
nous intéresser à l'étymologie des termes en question, en commençant, à tout
seigneur tout honneur, par le mot "féculent".
J'entends
déjà les amis du petit Robert, et notamment sa copine, la rousse, pontifier en
ânonnant sans comprendre les pages des dictionnaires. Féculent aurait pour
origine le mot latin "faex", qui signifie "lie", par
l'intermédiaire de son diminutif "fécula", (dont vous aurez noté qu'il est plus long que le nom d'origine, un comble pour un diminutif, non ?) qui doit donc signifier petite
lie. Ce qui ne veut rien dire, vous me l'accorderez. Cette petite lie ne
constitue jamais que le berceau de la bêtise étymologique, dans lequel nous ne
nous laisserons pas endormir. Revenons à nos principes simples et efficaces !
Entendons le son du mot sans nous laisser brouiller l'écoute, et replaçons le
vocable dans son époque.
Le
terme féculent est en effet un vieux mot, qui trouve son origine au moyen-âge.
À cette époque, la langue française s'installe et commence à s'unifier sur
l'ensemble d'un territoire aux contours encore mouvants. Les dialectes et
patois se rapprochent, et certains mots acquièrent vite une portée universelle.
Le cul est de ceux-là ! Cul-de-sac, cul de basse-fosse sont des expressions
nées à cette époque. Le coup de pied au cul est encore une arme, en ces temps
reculés qui ne connaissent pas la poudre (enfin, en France). Le terme n'a rien
de grossier. Il est sobrement anatomique, et peut même donner lieu à de
gentilles expressions. Un cucul à pralines est ainsi le derrière d'une jeune
fille, supposé ne donner encore que de petites crottes. En avoir ras le cul,
c'est être emmerdé au-delà du supportable. La culotte est l'emballage d'un cul
(c'est pas que vous l'ignoriez, mais vous n'y aviez jamais pensé). Un cul béni
est un hypocrite, qui, pour proclamer sa foi de manière ostensible se prosterne,
là où les gens simples s'agenouillent. De ce fait, c'est son postérieur qui
reçoit l'eau bénite envoyée par le cul-raie, qui se trouve être, lui, un cul
soutané. Un cul-terreux n'est pas un paysan, comme on le croit souvent, mais un
homme du peuple, qui va à pied, et qui donc éclabousse de boue le fond de sa
culotte en marchant sur les chemins de terre, tandis que les nobles, à cheval,
ne se salissent que le bas des bottes. Cependant, pour tenir sur leur monture,
ils sont forcément un peu cul-serrés. Si serré, d'ailleurs, et si tanné par les
kilomètres de "tape-cul", que leur peau est, à cet endroit, devenue
trop dure pour accepter une piqure. Le médecin est donc contraint d'injecter
ses produits dans le gras de la cuisse, par une piqure "sous cul
tanné". L'expression "avoir le
feu au cul" ne signifie pas courir comme si son pantalon flambait, ce qui
serait stupide et attiserait les flammes, ni même être avide des plaisirs de la
chair, le cul n'étant, en ce domaine, qu'une option. À l'origine, elle qualifiait
une personne confortablement installée dans la vie, comme une marmite dans son
âtre, le ventre plein de viande et de légumes, et le feu au cul… Les histoires de
cul, rapportées pour nuire aux personnes concernées, sont rarement sans
fondement. Un film, à l'époque, ne désigne évidemment pas encore une pellicule
cinématographique. Il s'agit d'une feuille de matière très fine, comme dans
l'expression moderne "un film plastique". Au moyen-âge, il n'était
pas question de plastique, bien entendu. Le film en question est en général
d'étoffe fine et élégante, et sert de vaporeux dessous aux dames de la
noblesse. Du coup, les chevaliers servants apprécient les films de cul.
Pourquoi
ce long préambule ? Pour vous prouver, si nécessaire, que le mot cul est alors
un mot ordinaire, et qu'on le trouve mis à toutes les sauces, sauces que l'on
assemble d'ailleurs dans un cul de poule ! C'est dans ce contexte historique
que naît le féculent. Les voyages sont alors longs et malcommodes, qu'on
utilise une carriole, une diligence, ou que l'on aille à pied. Les sanisettes
Decaux n'existent pas encore, vu que la publicité n'a pas été inventée. Avoir
une grosse envie, en plein voyage, s'avère donc particulièrement chiant. Du
coup, pour éviter les problèmes, on se nourrit, avant de partir, d'aliments
roboratifs qui ont la particularité de ralentir le transit intestinal, ce qui
permet de rallier l'étape sans désagrément. On dit d'un tel aliment qu'il fait
cul lent. C'est aussi simple que cela.
Que
viennent ici faire les gaz à effet de serre, me direz-vous ? Ils révèlent,
classiquement, une déviation de l'orthographe. En ces temps là, en effet, les
serres n'avaient pas encore été inventées. En revanche, les voyageurs avaient
noté que la consommation fréquente des "fait cul lent", ou féculents,
provoquait un effet secondaire au ralentissement du transit : la génération de
gaz intestinaux aussi bruyants que peu chargés en pestilences. Les plus experts
de ces voyageurs réussirent à maîtriser ces vents finalement plus drôles que
gênants, jusqu'à pouvoir en contrôler le débit et la vigueur afin de faire rire
leurs contemporains pendant les voyages en produisant des bruits incongrus, certains
réussissant même à jouer de la musique. Mais les plus malins avaient également
noté que la violence des sons produits par des culs entraînés pouvait égaler le
fameux brame des cervidés mâles à l'époque du rut. Ils utilisèrent donc cette
capacité comme un appeau, créant ainsi le phénomène des gaz à effet de cerf !
C'est de là que provient l'habitude qu'ont les chasseurs de manger de façon
fort roborative AVANT de partir à la chasse. Nous ajouterons que toute personne
qui a eu l'occasion de suivre une chasse a pu constater que les chasseurs
modernes ont su adapter leur production à l'échantillon des gibiers actuels. De
là à prétendre que ça réchaufferait la planète… Le fond du slip, je ne dis pas,
et encore, pas beaucoup.
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