Pages

vendredi 2 novembre 2012

Gare au Mont Parnasse



Mais aujourd'hui Pioupiou me tarabuste. Il exige un effort. Poètons donc un peu plus fort, et pour ce faire, je vous propose un pastiche tout parnassien, avec le massacre des "conquérants" de José-Maria de Heredia. Mais si, vous savez "Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal…". Encore un grand classique des cours de récréation, quand chacun, dans son coin, répète sa récitation, tremblant de peur autant que d'envie d'être envoyé au tableau. Comment ? Si si, d'envie aussi. Promis. Franchement, je ne me casserais pas les coudes à descendre tous ces vers si je n'aimais pas la poésie. Il faut savoir aimer sans respecter complètement. C'est une femme que j'ai beaucoup respectée qui m'a appris ça, en me quittant…
Mais revenons aux conquérants. Donc, sans vouloir faire un cours de quoi que ce soit, Heredia est l'archétype du Parnassien, avec plein de références à la mythologie grecque, beaucoup de romantisme, et tout et tout. Forme obligatoire : le sonnet classique : deux quatrains, deux tercets, alexandrins de rigueur. C'est tout ce que j'aime. Surtout quand Nanar s'en mêle, et décide de dédier l'œuvre au ministère des finances… Je sais, j'ai écrit plus haut que je n'écrivais que pour le plaisir, et par jeu. Mais ce n'est qu'une toute petite charge de brigade légère, bien que financière, qui ne prête ni à confusion, ni à taux variable...


Les polyvalents
Comme un vol de billets hors du livret postal,
Saisis par les huissiers à la puissance hautaine,
De mon compte bancaire, mes économies naines
Partaient contre mon gré au trésor national.

Elles allaient se noyer dans le gouffre fiscal
Que creusa notre État depuis l'ère giscardienne
Et que ses affidés agrandissent sans peine
Comm’ du contribuable l'orifice anal.

Chaque fois, espérant d'une nouvelle équipe
Un autre traitement, vaillant, je participe
Au scrutin proposé aux citoyens floués.

Mais c'est toujours pareil, et les têtes nouvelles
Ne sont finalement que des masques plaqués
Sur les visages haïs de l'hydre intemporelle.



Franchement, il n'y a pas là de quoi fouetter un chat à neuf queues.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire