Que
diriez-vous maintenant de revenir au style parodique. Je vous propose
d'égratigner un peu Victor Hugo. J'ai pour l'homme autant que pour l'écrivain,
une admiration sans bornes. La qualité ET la quantité, que demander de plus.
Certains lui reprochent un manque de finesse. J'aimerais les y voir, tiens.
Hugo, c'est performance sur performance, défi sur défi… Prenez les Djinns, ce poème original dans la forme, extrait du recueil "les orientales". Ce
n'est peut-être pas son plus beau poème, mais quelle virtuosité dans la
construction ! C'est bien simple, je n'ai pas pu m'empêcher de le parodier à son tour, mais je vous incite à redécouvrir l'original…
Les Jeans
Vitrines,
Comptoirs,
Cabines,
Miroirs.
Les
grilles,
Résilles,
Roupillent.
Tout
dort.
Le
matin
Naît
sans bruit.
C'est
la fin
De
la nuit.
Le
vacarme
Comme
une arme
Et
sans charme
Retentit.
La
grille de fer
Tremble
et se lève
Et
la lumière
S'allume
et crève
L'obscurité
Encore
hantée
D'éternité.
Finie
la trêve.
La
foule s'approche.
On
est samedi !
Elle
attend la cloche
Qui
désengourdit
Tout
le personnel,
Qui
prend sous son aile
Cette
clientèle
Et
qui la conduit.
On
se rue à l'étal
Des
Jeans ! C'est ce qu'ils veulent !
Fi
des robes de bal
Et
des étoffes veules.
Sur
un rayon s'amassent
Les
clients qui entassent
Dans
un cabas la masse
De
leurs abris à meules.
C'est
la mode du jean qui lasse,
Qui
ennuie le commerçant !
La
grosse toile lui casse
Les
bonbons depuis longtemps.
Qu'il
soit large qu'il soit étroit,
Qu'il
soit court, long, bouffant, droit,
On
l'achète trois par trois
Pour
le grand-papa et l'enfant.
Pour
le travail ou le loisir,
Pour
le snob comme pour le ringard,
La
toile bleue seule fait luire
Le
désir dans tous les regards.
Le
smoking résiste toujours,
Aussi
la robe de velours!
Que
se maintiennent ces atours
Qui
méritent tous nos égards.
Cris
au Sentier ! Voix qui hurle au rabais !
L'horrible
tas, à coups de promotion
S'abat
jusque dans les plus beaux quartiers,
S'insinue
dans les plus belles collections.
La
profession crie et chancelle, peinée.
Que
de tissus, de couleurs malmenés !
Quelle
dictature de l'uniformité !
Contre
la toile bleue luttons, luttons !
Futur
! Si ta matière plastique,
De
la toile maudite et bleue
Délivre
enfin la mode chic,
Confiant,
je deviendrai vieux.
Crée
pour nous des tissus nouveaux,
Pleins
de motifs sombres et beaux
Et
reconduit ces oripeaux
Aux
carrioles de leurs aïeux.
Imaginons
l'univers
Délivré
de leur cohorte
Voici
le rouge, voici le vert !
Ce
ne sont plus couleurs mortes…
Mais
les jeans encore résistent
Exhibent
leur couleur triste,
Monotone,
socialiste,
Et
s'accrochent à la porte.
Ils
faiblissent pourtant,
Et
souvent se déguisent.
Certains
sont presque blancs,
D'autres
de couleur grise.
D'autres
comme des sacs,
Que
dis-je ? Des hamacs !
Pendent
aux culs des macs
Et
d'une racaille soumise.
Pattes
d'éléphant,
Jambes
cigarettes,
Diminuent
les grands,
Vêtent
les fluettes.
De
pays lointains,
En
bateau, en train,
Des
tas de vilains
Jeans
encore nous guettent.
Très
bon marché,
Ou
bien très cher,
Bien
maquillé,
Ou
simple et fier,
Le
jean inonde
Tout
comme une onde
Les
terres fécondes
D'hypermarchés.
Foule
passe
Et
se sert.
Jamais
lasse
Du
pervers.
Jeans
toujours
Tous
les jours
Long
ou court
Fait
l'affaire.
On
doute
Qu'un
jour,
Déroute,
Il
courre.
Tant
pis
Je
fuis
L'habit
De
cour.
Ouf
! Non ? Cent vingts vers ! Il ne mégotait pas le père Victor. Je n'ai rien
d'autre au frais, en ce qui le concerne, mais ça m'étonnerait quand même qu'il
ne m'inspire pas un nouveau pastiche avant que je n'inscrive le mot fin sur la
dernière page de ce blog. Ses vers célèbres sont trop nombreux pour qu'à un
moment ou à un autre je ne cède pas à l'appel de ses mot.
Je vous souhaite une bonne journée
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