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dimanche 21 octobre 2012

Si Dom Juan m'était conté : l'action...



Commençons par les deux premiers actes...

Acte I, scène 1 : Sganarelle – Gusman
Sganarelle apprend à son pote Gusman qu'Elvire porte une paire de cornes à rayer le plafond, vu que Juan est un salopard de première, et qu'il n'a pas chômé depuis qu'il s'est tiré du domicile conjugal. Il ajoute que comme il a les chocottes de son patron, il ne lui a rien reproché.
Que retient-on de cette introduction ? Juan est un chaud lapin qui ne pense qu'à la bagatelle, Sganarelle est un lâche complètement soumis à son patron, mais qui crache dans la soupe dès qu'il peut, et Gusman est con comme un balai, vu qu'il ne comprend pas qu'on peut épouser une femme juste pour la sauter !
Acte I, scène 2 : Sganarelle – Juan
Sganarelle essaie de dire à Juan que sa conduite est indigne, sauf qu'il a peur de lui, et que l'autre est beaucoup plus fort à manier la langue que son valet. Donc Juan 1 – Sganarelle 0. Là-dessus on apprend deux bricoles intéressantes : premièrement, la scène se situe dans une ville dont Juan tua le Commandeur six mois plus tôt. Deuxièmement, Juan est sur le point d'enlever une jeune femme qui doit se marier sous peu, car il n'a pas trouvé d'autre moyen de se la faire. A la fin de la scène, Elvire paraît. Le temps se couvre pour Juan
Il se confirme dans cette scène que Juan est un gros consommateur de chair fraiche, mais dans le genre ogre, style sitôt sautée, sitôt larguée, et qu'il n'a rien à faire ni de l'opinion publique, ni de la justice, ni même de Dieu quand il s'agit de se taper une nouvelle poulette. En même temps, Dieu, sur ces sujets là… Mais bref ! Ce qui est poilant, c'est que quand Elvire débarque à l'improviste, il est honteux de constater qu'elle porte des vêtements sans marque. Même pas un petit survêt Tachini, un jean Levi's, un string qui dépasse, ce qui nuit à son prestige à lui. Drôle de sens des priorités, pensez-vous ? Mais non, n'oubliez pas que c'est un noble, et que la pièce s'adresse à des nobles. Les fringues, c'est hyper important pour eux ! Ils étaient les fashion victims du 17°.

Acte I, scène 3 : Elvire – Juan - Sganarelle
C'est la scène de ménage prévue, d'autant plus rude que Juan prétend n'avoir filé à l'anglaise que parce qu'il avait du remords d'avoir tiré Elvire (oups) du couvent (haaaa) où elle avait prévu de devenir nonne, et qu'il craignait, après ça, que le ciel lui tombe sur la tête. Ceci laisse penser que tout espagnol qu'il est censé être, il doit avoir du sang gaulois, ce qui expliquerait son goût pour les femmes. Elvire n'est pas dupe, et se retire après lui avoir lancé une malédiction. Lui ne pense qu'à tirer la prochaine.
Rien de bien nouveau sur cet aspect des relations homme-femme. Elles continuent à croire au prince charmant, jusqu'au moment où elles se rendent compte qu'elles ont partagé leur lit avec un cochon. Je sais bien que les cochons prétendent toujours être des princes charmants. Ils auraient tort de prétendre le contraire, d'ailleurs, sauf à vouloir demeurer puceau jusqu'au costume en sapin. Mais depuis le temps qu'elles se font avoir, il devient difficile de les plaindre, non ? Par ailleurs, le coup de la malédiction, c'est un truc classiquement féminin : toujours se défausser des basses besognes sur les autres…

Acte II, scène 1 : Charlotte – Pierrot
Le deuxième acte commence par le récit d'un sauvetage, que nous fait un paysan à la langue incompréhensible, d'un gentilhomme en train de se noyer et de son équipage par ledit paysan et son poteau. Franchement, ça nous tombe dessus comme un cheveu dans la soupe. En plus, on ne sait pas de qui il s'agit, mais si on se souvient que Juan avait parlé d'aller draguer en mer… A la fin du récit, le bouseux essaye d'obtenir une petite gâterie de sa copine, qui ne se laisse pas attendrir. Il la laisse donc pour aller boire un coup juste au moment où paraît le gentilhomme en question.
Bon, pas grand-chose à commenter ici, c'est juste une introduction qui se veut comique par la caricature du petit peuple qui y est faite, et qui finit par un classique teasing ( ce qui ménage le suspense, dirait Agatha Christie, qui, je vous rassure, n'est pas au programme !). Quant au type qui laisse sa meuf juste quand arrive un beau mec plein aux as, vous avouerez qu'il y en a des qui méritent leurs cornes, non ?

Acte II, scène 2 : Juan - Sganarelle - Charlotte
Après avoir appris que Juan vient de se taper une paysanne, on le découvre tout excité d'en brancher une autre. On a le droit à la GSD - Grosse Scène de Drague -  bien vaseuse, avec compliments à la tonne, promesses en soldes, et…ça marche. Sganarelle est le témoin impuissant de la duplicité de son maître, et de la naïveté de la fille.
Rien de nouveau sous le soleil. Juan ne pense qu'à çà, il en a fait sa raison de vivre et possède une technique élémentaire mais efficace, devant laquelle le pauvre Sganarelle est comme vous et moi, les mecs, effondré par la candeur féminine devant un dragueur entraîné. Et après, c'est sur nos épaules à nous, dont Coquette a fait ceinture, qu'elles viennent pleurer ! Du coup, on console, pas rancunier, en espérant quand même récupérer les miettes, mais macache, dès qu'on leur a regonflé le moral, elles repartent se faire entuber par d'autres. Râlant, non ?
Acte II, scène 3 : Juan - Sganarelle - Charlotte– Pierrot
Le Pierrot revient d'avoir bu son coup, et se tape une grosse crise de jalousie. Sa pineup ne comprend pas pourquoi, et estime que s'il l'aime, il devrait être heureux pour elle de la voir épouser un mec de la haute. Le paysan, pas convaincu à l'idée de perdre son brancard, mais craintif devant la virilité affirmée de Juan, préfère aller tout rapporter à la tante de la fille. Juan dès son départ en remet une couche
Franchement, le principal enseignement de cette scène, c'est que la Charlotte est une vraie blonde ! Des comme ça, on n'en trouve que dans les livres. On doit également admettre, vu son comportement, que Pierrot n'est qu'un couilles-molles, et que si Juan se tape sa meuf, il l'aura bien cherché.
Acte II, scène 4 : Juan - Sganarelle - Charlotte– Mathurine
Juan est coincé entre Mathurine, la première paysanne qu'il a draguée plus tôt et qui débarque à l'improviste, et la deuxième, Charlotte, qui se trouve être sa meilleure copine, du moins au début. Comme l'unique argument du Juan, c'est de promettre le mariage, il est un peu coincé, et alterne, pour s'en sortir, les mensonges et les messes basses, avec une habileté certaine. Quand il se casse de la scène, Sganarelle essaie bien de prévenir les deux pouffes, mais Juan revient et l'en empêche.
On n'y croit pas une seconde ! Les auteurs ont doté Juan d'une intelligence au dessus de la moyenne, ou, du moins, ils essaient de nous le faire croire, d'accord,  mais les deux filles sont vraiment trop… Trop ! Même des gamines de douze ans ne marcheraient pas dans cette scène. Encore que… Tout bien réfléchi … C'est vrai que, chez les cheerleaders et autres pom-pom girls, par exemple, les meilleures copines du monde sont capables de devenir leurs pires ennemies pour le sourire du capitaine de l'équipe de foot ou de baise-ball, sur un campus américain. Alors, pourquoi pas dans un village espagnol après tout ? Ouais, c'est quand même pas fin fin, comme texte, ça devait être l'équivalent du teen movie, à l'époque.
Acte II, scène 5 : Juan - Sganarelle - Charlotte– Mathurine – La Ramée
La Ramée débarque pour prévenir Juan que douze hommes en armes le cherchent. Celui-ci en profite pour renvoyer les deux filles chacune de son côté, avec des promesses, et ordonne à Sganarelle de changer de fringues avec lui.
Très courte scène dans laquelle on découvre que, même menacé de mort, Juan ne lâche pas le morceau facilement. Un tel goût pour le sexe, ça relève de l'addiction ! Michael Douglas s'est fait interner pour moins que ça ! On constate aussi que Juan n'est ni Zorro, ni D'Artagnan, et qu'il préfère se déguiser et fuir plutôt que d'affronter le danger. On notera enfin que les justiciers sont au nombre de douze, comme les apôtres, ou les mois de l'année. Ce n'est sûrement pas un hasard. Je vous offre la remarque, faites-en ce que vous voulez.

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