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mardi 23 octobre 2012

Si Dom Juan m'était conté : l'action (suite et fin)



Le problème, avec l'étude d’œuvre, c'est que, même en la massacrant de la sorte, ça reste un peu longuet. Je vais mets le reste en une seule fois, et demain, on revient à du plus court... Quoique...

Acte III, scène 1 : Juan en fringues de base – Sganarelle en médecin
Sganarelle, qui craignait pour sa vie à l'idée d'être confondu avec Juan, a trouvé une alternative sous la forme de bons déguisements pour son maître, habillé en homme du peuple, et pour lui, qui s'est costumé en toubib. Ils cheminent ensemble et, comme l'habit peut parfois faire en partie le moine, Sganarelle, qui se sent brutalement intelligent sous le chapeau pointu, entreprend de discuter avec Juan de l'existence de Dieu. Lui, bien entendu, y croit, et l'autre pas. Mais il a beau faire, il ne réussit pas à convaincre le mécréant, et ils finissent tous deux par se perdre dans la forêt qu'ils traversent. Un mec passe, ils l'interpellent. Comme c'est un Gars Pauvre et Sincère, ils espèrent qu'il va les aider à retrouver leur route.
Bon, nous avons là une première charge, traditionnelle chez les auteurs du Molière, contre la médecine de l'époque, suivie d'une démonstration de Sganarelle sur l'existence de Dieu, assez peu convaincante, il faut l'avouer. Cette scène est toutefois à l'origine du poème "La Rose et le Réséda", de Louis Aragon, qui parle de "celui qui croyait au ciel et celui qui n'y croyait pas", et qui peut aussi tomber au bac (mais je ne vous ai rien dit). Par ailleurs, il se trouve que cette scène serait également à l'origine des contes du Petit Chaperon Rouge et du Petit Poucet, qui se perdent dans la forêt, mais là, c'est pas si sûr, vu que le costume de médecin est noir, et pas rouge, et que Poucet et ses frères étaient sept, et pas deux. Mais quand même, ils se perdent dans la forêt.
Acte III, scène 2 : Juan– Sganarelle – Le Gars Pauvre et Sincère
Le pauvre indique leur chemin à Juan et Sganarelle. Une fois ce problème réglé, on replonge dans une discussion sur l'existence de Dieu. Le pauvre, qui n'a rien à se mettre sur le dos, prie Dieu à longueur de journée, mais cela reste comme lui, sans effets. Il se refuse toutefois à jurer, même pour obtenir le louis d'or que Juan lui promet, et finit par lui donner néanmoins. Les auteurs pratiquent ensuite le teasing de manière toujours aussi maladroite, en annonçant qu'un mec est en train de se faire tabasser par une force trois fois supérieure en nombre, ce que Juan ne saurait tolérer.
On vérifie d'abord que le Gars Pauvre et Sincère, communément appelé GPS, est une solution fiable pour retrouver son chemin. Puis on retrouve la problématique sur l'existence de Dieu, à croire que c'est le thème de la pièce ! Le moins que l'on puisse dire, c'est que les auteurs se dispersent. Dom Juan est avant tout une histoire de sexe, mince ! La fin de la scène nous apprend que, contrairement à ce que l'on avait compris à la scène 5 de l'acte II, Juan est plutôt généreux, et assez couillu comme mec. A mon avis, il y a eu changement d'auteur entre les deux scènes…
Acte III, scène 3 : Juan – Carlos – Sganarelle
Juan met en fuite les trois larrons, et sauve ainsi la vie de Carlos, qui ne le connaît pas personnellement, mais le remercie et se déclare son débiteur. Ledit Carlos explique ensuite que, frère d'Elvire, c'est en cherchant ce gros malfaisant de Juan pour venger l'honneur de la famille qu'il a été séparé de sa troupe. Juan, qui ne sait pas ne pas mentir, lui raconte que le fameux Juan est un ami à lui, et qu'il va organiser un rendez-vous pour qu'une discussion puisse avoir lieu, afin d'éclaircir la situation. Carlos est vachement gêné du coup. Son sauveur est le pote de son ennemi, dur dur dur (lala) !
On a le droit à une considération sur le sens de l'honneur caractéristique de la noblesse, à laquelle appartiennent, je le rappelle, Juan, Carlos, et l'ensemble des spectateurs de la pièce. C'est de la lèche de première bourre, et puis c'est tout !
Acte III, scène 4 : Juan – Carlos –Alose - Sganarelle
Alose, qui est le frère de Carlos, débarque, et reconnaît Juan. Il faut croire qu'il était au mariage de sa sœur, lui ! Du coup, il veut le trucider immédiatement, mais Carlos s'interpose, en expliquant qu'il doit la vie à Juan. Alose réplique qu'il n'en a rien à foutre, vu que la vie, c'est que du pipi de chat à côté de l'honneur. Carlos l'admet, mais quand même, faut respecter le pipi de chat un minimum. Il décide de décaler l'exécution d'une journée, histoire de permettre à Juan de se repentir un petit peu. Juan répond banco, et confirme qu'il n'en profitera pas pour filer à l'anglaise, ce qui est très mal vu pour un espagnol. Alose est vachement en pétard, mais cède.
La lecture de cette scène nous explique clairement pourquoi la noblesse a quasiment disparu de nos jours. Préférer l'honneur à la vie, ça conduit à faire plein de conneries, du style "Moi ! Mettre une capote ! Jamais ! La Noblesse ne baise pas sous emballage plastique !", ou encore "Moi, attendre le feu vert et traverser dans les clous ! Que nenni, Noblesse va où et quand elle désire !" ou bien "Moi, boucler ma ceinture ! Jamais ! Je ne porte que des bretelles ! C'est plus seyant." Eux appellent ça le sens de l'honneur, et nous des comportements à risques.
Acte III, scène 5 : Juan – Sganarelle
On apprend que pendant la prise de bec entre Juan et ses beaufs, Carlos et Alose, Sganarelle s'était planqué comme un rat, ce qui irrite un peu le boss. Il informe néanmoins son valet que l'homme qu'il a sauvé se trouve être à la fois le frère de sa meuf et son assassin en puissance. Le brave Sganarelle, dont le but dans la vie semble être d'éviter les ennuis, conseille à Juan de réintégrer le domicile conjugal, et de faire amende honorable, afin d'éviter les emmerdes, mais pour l'autre, cette hypothèse relève de l'impossible. Une femme consommée n'est bonne qu'à jeter, il ne s'imagine pas en mari, emprisonné par les "liens" sacrés du mariage. En discutant, ils parviennent à un monument funéraire élevé à la gloire du Commandeur naguère tué par Juan. Celui-ci s'étonne que feu l'homme raisonnable ait fait édifier, pour sa dépouille, une aussi luxueuse sépulture, surmontée d'une magnifique statue. Invitant celle-ci à diner, par bravade, Sganarelle, puis Juan, la voient acquiescer d'un hochement de tête. Ils préfèrent se carapater…
Dans la première partie, il se confirme que Juan est ce que l'on pourrait appeler un décapsuleur fondamental. A part les berlingots neufs, il n'y a pas grand-chose qui l'intéresse. D'ailleurs, si l'on en croit Gainsbourg, auteur et compositeur classique du XXème siècle, bientôt au programme de terminale littéraire et œnologique, on surnommait Juan "le poinçonneur des Lilas", vu que les lilas, ce sont des fleurs blanches, et que la blancheur, c'est le symbole de la virginité. C'est quoi la virginité ? Bof, de nos jours, c'est surtout la caractéristique d'une espèce de vigne qui ne donne pas de raisin. La deuxième partie, avec la statue qui bouge pour accepter une invitation à diner, est autrement complexe à analyser. Un ecclésiastique, qui, bourré de troubles obsessionnels compulsifs, va tiquant, pense qu'est ici évoquée la présence divine. Un autre critique, d'origine russe, un certain Dostoïevski, prétend qu'il s'agit de la mauvaise conscience de l'assassin qui le travaille, appelant pour son crime un châtiment… A mon avis, et je le partage, cette scène a plus banalement été écrite le troisième jeudi de novembre 1682, par des auteurs qui avaient fêté par anticipation la fin de l'acte III au beaujolais nouveau, même que c'est La Fontaine qui fournissait le liquide ! La preuve, l'acte IV commence au même moment et au même endroit ! C'est donc la suite de la même scène, il n'y avait aucune raison de faire là une coupure. Quoi ? Pour changer les chandelles ? Rien n'empêchait d'en mettre de plus longues au départ !

Acte IV, scène 1 : Juan– Sganarelle
Très courte scène durant laquelle Juan nie le mouvement de tête de la statue du Commandeur, et interdit à Sganarelle d'en reparler.
Le commentaire sera bref. Dessaoulés, le lendemain matin, les auteurs décident de renier, par cette courte scène, leurs élucubrations de la veille, sans pour autant gaspiller leur temps, leur encre et leur parchemin à réécrire la fin de l'acte précédent. D'autant que les chandelles ont été changées, et le boulot payé par le commanditaire.
Acte IV, scène 2 : Juan – Sganarelle – La Violette
La scène 2 est aussi courte que la première. On y apprend que monsieur Dimanche, le marchand à qui Juan doit de l'argent, vient réclamer son dû, et que Juan a décidé de le recevoir et de l'embobiner.
Cette scène, comme la précédente, est une conséquence de la biture de la fin du troisième acte. La première scène mettait un point final à l'acte précédent, celle-ci constitue une introduction à l'action qui va suivre, et qui est fondée sur la promesse que fait Juan d'envoyer paître le bourgeois, ce qui constitue un gros clin d'œil bien gras à l'assemblée des nobles, qui méprise bien évidemment la bourgeoisie…
Acte IV, scène 3 : Juan – Sganarelle – Dimanche
Comme prévu, Juan fait tourner le pauvre marchand en bourrique, en utilisant la méthode décrite par la Fontaine dans "le Corbeau et le Renard" : tout flatteur vit aux dépends…
C'est long, c'est lourd, c'est redondant, mais vu que c'est un noble qui se moque d'un bourgeois, ça fait marrer les nobles, ce qui était le but revendiqué. C'est pas joli, joli, mais c'est efficace. De là à parler de culture… Disons que c'est un sketch d'un comique à la mode.
Acte IV, scène 4 : Louis - Juan – Sganarelle – La Violette
Monologue courroucé de Louis, père de Juan, qui déplore la conduite de son fils, qui fait son malheur et dont il ne peut être fier. Il lui explique qu'on est noble dans ses actions plus que dans sa naissance, et que le fait d'être bien né oblige à se conduire en gentilhomme, ce qui n'est pas le cas de Juan, qui constitue, à lui tout seul, la honte de la noblesse du pays tout entier. Il termine sa tirade par une lourde menace et enjoint son fils de craindre la punition paternelle. Juan essaie timidement de l'amadouer, sans succès.
Quelle engueulade ! Pour être en pétard, il est en pétard, le paternel ! Mais bon, ce n'est guère que l'expression excessive, puisque théâtrale, du fossé des générations. Le vieux Louis ne peut comprendre le comportement de son fils, la perte de valeur qu'il suppose, vu que, justement, il est vieux, et donc rangé des affaires. C'est sûr, un vieux Louis ne vaut pas un Napoléon neuf. En même temps, chez les Bonaparte, on a jamais dépassé trois, alors… En fait, le vieux Louis a juste oublié que, du temps de sa jeunesse, lui aussi à profité du droit de cuissage alors en vigueur. Ce qu'il reproche à son fils, fondamentalement, ce n'est pas tant de tirer tout ce qui porte jupon, c'est de promettre le mariage pour y parvenir. De son point de vue, c'est de la triche, une forme de dopage moral… C'est pas sport !
Acte IV, scène 5 : Juan – Sganarelle
Une fois son père parti, Juan souhaite sa mort, en trouvant injuste que les parents osent vivre encore quand leurs enfants sont adultes. Sganarelle essaie bien de morigéner l'outrecuidant (cherchez un peu dans le dictionnaire), mais, pleutre à son habitude, retourne sa veste dès que Juan devient menaçant.
Nulle part, les auteurs ne nous précisent l'âge de Juan, mais on peut quand même supposer, à sa technique amoureuse éprouvée, et à son appétit insatiable, qu'il a dans les vingt-cinq ans, à un poil de cul près, non ? Alors, franchement, sa réaction d'adolescent pré pubère, prêt à faire pipe par terre et à se rouler dedans, relève, pour le moins, de la maladresse d'écriture. Quand on sait qu'ils se sont mis à plusieurs…C'est pas que ce soit mauvais, mais c'est faible, pour un classique. On dirait du Franck Dubosc.
Acte IV, scène 6 : Juan – Elvire – Ragotin - Sganarelle
Elvire, sur le chemin du pardon, de la rédemption, et du retour au couvent, vient supplier Juan de s'amender, au nom de l'amour et de la tendresse qu'elle a éprouvés pour lui, car elle craint que les représailles divines ne s'exercent de manière cruelle à son encontre. Juan ne semble pas inquiet quant à cette hypothèse, mais tente de retenir son ex près de lui pour la nuit, sans succès néanmoins.
On l'a connue tigresse, au début de la pièce, la voici dans toute la splendeur de son instinct maternel pour le mauvais garçon qu'elle a aimé si fort. C'est y pas attendrissant comme un marteau de boucher ? Elles sont quand même pas croyables, les meufs, quand il s'agit de nous faire craquer. Les vannes les plus vaseuses sont de sortie, comme cette histoire de colère du ciel. Si la météo était vraiment liée aux histoires de culs, il y aurait plus d'orages sur Saint Trop' que sur les sommets des Alpes, non ? Bon, alors…
Acte IV, scène 7 : Juan – Sganarelle
Juan concède à Sganarelle que le passage d'Elvire l'a ému. Non pas qu'il se soit senti concerné par la menace de représailles célestes, mais il confie qu'il l'aurait bien sautée encore une fois, mais en termes du dix-septième siècle… Mais, justement, il est temps de passer à table. Il invite Sganarelle à diner avec lui, quand on frappe à la porte…
Franchement, quel bon vivant que ce Juan. Il ne pense qu'à baiser et à bouffer ! Je l'apprécie de plus en plus. Et pas fier avec ça, puisqu'il invite son valet à sa table. A l'époque, c'était loin d'être habituel. Quant aux auteurs… Toujours les mêmes ficelles grossières. On frappe à la porte, Sganarelle va ouvrir en cachant l'arrivant, et… C'est la fin de la scène. C'est vraiment du suspense à deux balles ! On se croirait dans une série américaine. Pire, une allemande !
Acte IV, scène 8 : Juan – Sganarelle – La statue
Et revoilà la statue, qui vient honorer son invitation à diner. Sganarelle, en bon chocotard, a manifestement une trouille bleue, tandis que Juan, hyper cool, demande qu'on rajoute un couvert. Son attitude ne plait pas à la statue, qui le met au défi de venir souper avec elle le lendemain soir. Juan accepte.
Vous noterez qu'on arrive, une fois de plus, à la fin de l'acte, et que, comme au précédent, tout dérape dans le surnaturel et l'absurde le plus total. Même explication que précédemment, qui nous éclaire sur la méthode de travail du groupe. Biture à chaque fin d'acte. De mon point de vue, ils devaient toucher leur pognon par tranches successives, au fur et à mesure de la livraison des actes entiers, et en profiter pour passer les commandes. Je ne vois pas d'autre explication.

Acte V, scène 1 : Louis - Juan– Sganarelle
Dialogue entre le père, ému, et le fils, hypocrite. Ce dernier prétend avoir compris combien son comportement était contraire à la morale et aux bonnes mœurs, et affirme vouloir s'amender. Le père, encore beau, ne se sent plus de joie, et, pour montrer sa belle foi, il ouvre grand ses ailes et fonce annoncer la bonne nouvelle à sa femme, qui, unique, se trouve par conséquent être la mère de l'infâme.
Deux éléments importants dans cette scène : premièrement, Juan change de stratégie, et décide de devenir le roi des hypocrites, pour continuer à draguer comme un malade, mais en douce, et sans se faire emmerder. Deuxièmement, on notera la toute petite place laissée à la mère de Juan dans cette histoire : à peine une mention… D'ici à penser que cette pièce serait un tantisoit sexiste…
Acte V, scène 2 : Juan– Sganarelle
Sganarelle, qui n'a pas compris la duplicité de son maitre, le félicite pour son changement d'attitude. Juan, qui ne désire pas le laisser baigner dans sa sottise, lui explique, par une longue tirade, toutes les subtilités de son plan, en se référant aux us et coutumes des gens de son époque, dont il vante à la fois l'hypocrisie et l'efficacité. Sganarelle, effaré, essaie de convaincre son patron qu'il a tort. Il utilise, pour se faire, une dialectique pour le moins hermétique, dont Juan se moque comme de sa première capote.
L'explication est fournie plus pour le public que pour le valet, ce qui prouve combien les intellectuels prenaient les nobles pour des cons. Quant à la diatribe de Sganarelle, elle est censée nous démontrer que les domestiques ne sont guère doués pour la logique. Cependant, elle est tellement maladroite et infondée, qu'elle explique aussi pourquoi les littéraires ne vont pas en section scientifique. En fait, la logique littéraire est comparable à la logique féminine. Elle est fondamentalement réservée à un public averti, préalablement acquis à sa cause.
Acte V, scène 3 : Carlos - Juan– Sganarelle
Voici que paraît Carlos, le frère d'Elvire, qui se sent redevable envers Juan, son sauveur, et qui aimerait bien lui sauver les bidons. Il tente donc une nouvelle fois de le convaincre de réintégrer le domicile conjugal, en quel cas tout le monde fermerait les yeux sur ses petites incartades passées. Mais comme il l'a fait avec son père, Juan lui joue l'hypocrite comédie du repentir, et prétend vouloir se retirer du monde, tout comme Elvire, d'ailleurs, qu'il ne saurait contraindre à quitter le couvent une nouvelle fois. Carlos lui répond que, puisque c'est comme ça, il va voir sa gueule à la récré. Juan rétorque que même pas peur, et lui donne rendez-vous pour une baston à la sortie.
Après les deux scènes précédentes, on pouvait penser que Juan allait faire profil bas pour avoir la paix, et être plus discret dans la gestion de ses histoires de fesses. Du coup, la proposition du brave Carlos, qui essaie d'arranger tout le monde, nous paraît plutôt sympa, et on pense, bêtement, que Juan va sauter sur l'occasion. Et ben non ! Il l'envoie se faire voir ! Pas facile à comprendre, le Juan, pas vrai ? C'est que vous oubliez qu'ils se sont mis à plusieurs pour l'écrire, et que c'était chacun son tour… Du coup, la logique du personnage est forcément fluctuante, et la situation se complique. On pressent déjà qu'ils vont être obligés de biaiser pour s'en sortir.
Acte V, scène 4 : Juan– Sganarelle
Le pauvre Sganarelle ne comprend plus rien à l'attitude de son maître, dont il préférait la précédente personnalité. Il pense que le ciel, ce coup-ci, va se fâcher très fort. Juan en rigole. Sganarelle, apeuré, voit alors apparaître un spectre, qui ne peut qu'être un message du ciel. Juan demande que le ciel soit plus clair dans sa façon de communiquer.
Toute petite scène, à peine une demi-page, où on nous balance un spectre, mine de rien. Quand je vous disais qu'ils commençaient à patauger grave, les auteurs…
Acte V, scène 5 : Le spectre - Juan– Sganarelle
Le spectre, de sexe féminin, est effectivement envoyé par le ciel pour donner à Juan une dernière chance de se repentir vraiment. Mais, fidèle à son mauvais caractère, Juan l'envoie se faire voir. Le spectre change d'aspect, pour devenir plus terrifiant, mais Juan n'est pas impressionné.
C'est encore une toute petite scène. On sent que les auteurs s'essoufflent. Le rythme s'accélère, ça sent l'écurie…
Acte V, scène 6 : La statue - Juan– Sganarelle
La statue réapparaît juste à ce moment là, et rappelle à Juan sa promesse de venir diner. L'autre, qui se la pête un max, dit banco, et disparaît alors à la fois dans d'atroces douleurs et la terre qui s'ouvre sous ses pieds avec de grandes flammes. Sganarelle reste tout seul, et se lamente d'avoir perdu son CDI.
Quand je prétendais qu'ils ne savaient plus comment s'en sortir, de leur scénario à la mords-moi le nœud… Bonjour le final ! Allez Juan, t'a trop tiré à tort et à travers, tu files directement en enfer, sans passer par la case départ et sans toucher 20 000 ! Les mecs qui ont écrit ça auraient vécu à la fin du vingtième siècle, ils auraient essayé de nous convaincre que le SIDA avait été envoyé par Dieu pour punir les baiseurs. Mais c'est pas vrai, parce que, de deux choses l'une, soit Dieu n'existe pas, et on peu s'aimer sans arrière pensée de péché, soit il existe, et on se souvient alors qu'il a dit "baisez-vous les uns les autres", et on remarque qu'il n'y a, dans ce commandement, aucune précision de nombre ni de sexe. Ce qui semble logique, d'ailleurs, et les bonobos, qui sont souvent plus proches de Dieu que les humains, l'ont bien compris, eux qui copulent frénétiquement dès qu'il y a risque de conflit dans la troupe : un mec qui baise ne pense à rien d'autre, et surtout pas à trucider son prochain ! Alors, il va peut-être nous lâcher la grappe, maintenant, le Molière, et se contenter de nous pondre des petites comédies rigolotes sur la bourgeoisie. Flûte !

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