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mercredi 10 octobre 2012

Introduction aux fables à moralité



Avec les deux exemples qui précèdent, vous avez pu constater que j'aime parodier les grands auteurs. Je ne le nie pas. Mais j'ai également la nostalgie d'un autre type de poésie, que l'on trouvait parfois dans un supplément du journal Spirou de mon enfance, qui s'appelait, si je me souviens bien, "Le Petit Trombone Illustré". L'extrait en question était sous-titré : "plus c'est mauvais et plus on aime". C'est un programme, non ? Il s'agissait en l'occurrence de fables express, fondées sur les à-peu-près les plus improbables. Je me suis beaucoup amusé à les lire, à l'époque, et je les remets aujourd'hui à l'honneur, en poussant le vice un peu plus loin. A vous de juger.


Acrobatique

Il était né bizarre, on ne sait trop pourquoi.
Certains de ses neurones ne fonctionnaient pas bien.
Et il avait encore, pour terminer un bras
Un moignon d'aileron en place d'une main.

On ne peut pourtant pas, malgré ces handicaps,
Prétendre qu'il vivait une vie de reclus.
Chaque jour, vers midi, il mettait une cape
Comme un super héros. Il ne se tenait plus.

Il se faisait alors hisser sur une grue
Qui culminait pourtant à très grande hauteur,
Et de là se jetait, en riant, l'ingénu,
Sans paraître éprouver jamais la moindre peur.

Ce jeu était pour lui bien plus qu'un passe-temps !
Il ne pouvait plus vivre sans son saut quotidien.
Nombreux étaient ceux qui le traitaient de déviant,
Mais à le faire cesser, personne ne parvint.
Moralité

Le sot à l'aile a ce tic !


C'est bon, vous avez assimilé le principe ? Attachez les ceintures, en voilà un deuxième :

Aérien

C'est à Oulan-Bator, capitale mongole,
Que se passe l'histoire que je raconte ici.
Dans son aéroport, qui n'a rien de frivole,
Officie à la douane une sorte de houri.

Elle est vraiment terrible, bloquant, pendant des heures
Les pauvres voyageurs, tandis qu'elle étudie
Les papiers, les bagages, toujours avec lenteur,
Et s'ils ratent l'avion, ce n'est pas son souci.

Un type, pourtant, un jour, plus malin que les autres,
Trouva, de la cuirasse de la douanière zélée,
Un défaut qu'aussitôt, jouant les bons apôtres,
Pour le bien de chacun il s'en fut enfoncer.

Il insulta la fille, la traitant de poufiasse,
Et de bien d'autres noms que je ne puis donner.
Il ajouta encore bon nombre de grimaces,
Si bien qu'à un moment, elle se mit à pleurer.

Pour cacher son malheur, elle quitta son guichet,
Et personne ne vint, alors prendre sa place.
Les passagers, ravis, purent enfin avancer,
Et prirent tous l'avion en huant la grognace.

Moralité

Il faut gonfler la mongole fière pour pouvoir décoller !

1 commentaire:

  1. oh punaise ! effectivement, on est tout à fait dans l'esprit du Trombone Illustré :-D

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