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samedi 20 octobre 2012

Si Dom Juan m'était conté : le contexte



Je vous propose maintenant un autre genre de littérature : voici donc ma contribution au développement de cette calamité moderne qu'est l'analphabétisme : le résumé commenté d'une œuvre.
L'objet n'a rien de révolutionnaire, ni même d'innovant. Depuis que les Lettres s'étudient, il y a toujours eu des forts en thème physiquement impressionnables pour fournir une matière préalablement digérée aux joueurs de foot et autres judokas. Avec l'avènement d'Internet, la chose s'est professionnalisée, et il est assez facile à quiconque de trouver sur le web le devoir à rendre pour demain. Comme il est admis que les jeunes travaillent sur ordinateur, ils n'ont même plus besoin de se crever la paillasse à recopier la prose en question, ce qui avait pourtant le mérite de les contraindre à la lire au moins une fois.
Alors pourquoi ? Pourquoi me lancer à mon tour, sans esprit de lucre néanmoins, dans cette participation à la destruction de la branche sur laquelle sont perchés, côte à côte, les écrivains de toutes plumes ? Le calcul est assez simple. Les professeurs étant de mieux en mieux armés pour détecter les cancres téléchargeurs, ceux-ci sont contraints de diversifier leurs sources, afin de ne pas tous rendre le même devoir. J'ai donc toutes les chances, en soignant ma diffusion, d'être distingué par certains de ces olibrius incultes. Comme ils ne lisent ni l'œuvre, ni même le résumé qu'on en propose, on peut donc, par la grâce d'un bel emballage, leur faire rendre une vessie en lieu de la supposée lanterne, et entraîner de cette manière un tel discrédit auprès de leur correcteur qu'ils hésiteront, la fois suivante, à recourir à cette peu glorieuse méthode. Je l'affirme donc ici haut et fort, j'écris les conneries qui suivent dans un but essentiellement pédagogique. Et puis, je me suis dit que je pouvais également proposer une nouvelle vision de certaines œuvres à ceux qui les auraient lues autrefois, et une forme de découverte à ceux qui seraient passés à côté, leur permettant de mettre leur grain de sel dans des conversations dont ils sont aujourd'hui exclus. Une sorte de Reading-Digest, qui serait à la culture ce que le fast-food est à la gastronomie : le pire, mais nourrissant. Ceci étant posé, je propose d'attaquer immédiatement avec une première œuvre : le "Dom Juan" de Molière.

L'Auteur
Cette pièce est attribuée à Jean-Baptiste POQUELIN, dit "MOLIERE". Le bruit court, depuis Pierre Louÿs, qui en fit un sujet de thèse, que les pièces attribuées à Jean-Baptiste Poquelin auraient été écrites par Pierre Corneille. La vérité est en réalité plus subtile, plus complexe… 
Certaines d'entre-elles sont indéniablement dues à un Pierre Corneille passé de mode, et qui avait trouvé là le moyen de continuer à vivre de son talent. Il fut rejoint par André Freux et Georges Choucas, écrivains moins connus bien qu'encore beaux, puis par Robert Merle, en ses vertes années. Ce groupe de quatre auteurs, talentueux mais peu appréciés par la cour, fut baptisé "les corps vidés" par ses membres, en référence, sans doute au fait qu'ils travaillaient jusqu'à l'épuisement, et qu'ils ne mangeaient pas toujours à leur faim. Ils écrivaient pour le compte de qui en avait besoin, et donc du sieur Poquelin, directeur de théâtre alors très à la mode.
On sait également que ce groupe fut ultérieurement rejoint par une autre branche de la culture française de l'époque, composée de Rameau, Racine et La Bruyère, qui contribuèrent à élaborer le tronc commun de l'œuvre partagée. Jean-Baptiste Poquelin faisait vraiment feu de tout bois. Le nouveau groupe ainsi formé, très impliqué dans les combats de l'époque (droit des femmes à la culture, droits des valets aux congés payés, droit des bourgeois à la reconnaissance par la noblesse, liberté du culte…) se baptisa tout naturellement "Mouvement Littéraire d'Essence volutionnaire", ce qui, en abrégé, nous donne la véritable origine de MOLIERE qui n'est donc qu'un acronyme. L'histoire, habilement détournée par le vaniteux comédien, a quelque peu occulté ces détails pour ne retenir qu'un pseudonyme qui, sans l'explication ici révélée, ne signifie absolument rien.
L'œuvre étudiée aujourd'hui a néanmoins une autre origine. Le groupe MOLIERE, spécialiste de la gaudriole, ne serait en effet ici que le traducteur en français d'une œuvre issue de la Commedia dell'arte, une pièce autobiographique peu connue que l'on doit à un noble italien : Casanova di Fellini. 

Demain, si vous êtes sages, nous attaquerons l'étude des personnages. Bonne journée...

1 commentaire:

  1. De la part de ta mère : "on peut se demander si une imagination aussi farfelue aura un jour atteint ses limites...(mais en-a-t-elle des limites ?)"

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