Après Du Bellay, Je me suis attaqué à François Villon, avec beaucoup de respect, car cestui-là estoy un homme, un vrai. J'ai pourtant massacré avec allégresse sa "Ballade des dames du temps jadis", non sans une pensée émue pour Brassens, qui la chantait si bien. J'en ai fait une première version, qui m'amusait assez, mais qui fut vigoureusement combattue par les ligues de vertu qui m'encerclent, à savoir ma mère, ma femme et ma fille, qui m'ont accusé de faire l'apologie de la drogue, moi qui n'ai jamais fumé qu'un quart de joint de toute ma vie, et en crapotant encore ! Alors, j'ai remis l'ouvrage sur le métier. Parce que bon, ce que peuvent penser Villon et Brassens de mon iconoclastie, ça me chatouille les gonades. Mais ma mère, ma femme, ma fille… Je vis avec ! Et puis j'ai relu les deux textes, et décidé qu'il vous appartenait de choisir. Cette première version, je l'ai imaginée fredonnée par un survivant de la grande époque psychédélique des seventies, un retraité de Katmandou qui tirerait encore sur un pétard de temps en temps, en regardant "More" et en pleurant….
Dites-moi
où, en quel pays
Marie-Jeanne
est cachée sereine,
La
coca et le cannabis
Que
l'on cultive pour leurs graines.
On
en parle chaque semaine
De
Paris-Sud à Abidjan.
Leur
origine reste lointaine
Mais
où sont les neiges d'antan ?
Ou
est l'héroïne si blanche
qu'on
s'en faisait pêter les veines ?
La
cocaïne, la poudre franche
Dont
l'extase était souveraine ?
Où
sont les flashes du temps jadis
Que
l'on partageait en riant ?
Et
la fumette de cannabis ?
Mais
où sont les neiges d'antan ?
L'ecstasy
a tout envahi
Et
le PCB nous submerge,
Le
shoot aujourd'hui est chimie
Et
le pharmacien se goberge.
Faut
avouer que l'on avait
Le
LSD, de notre temps,
Ah
mon Dieu que c'était mauvais,
Mais
où sont les neiges d'antan ?
Les
nouvelles cames sont vilaines !
On
ne peut que souhaiter vraiment
Que
ce refrain ne vous ramène
Mais
où sont les neiges d'antan ?
Bon,
ça, c'est fait… Compte tenu du passé de Villon, je ne suis pas certain que,
s'il avait vécu à notre époque… Mais je n'insiste pas. En voici une seconde
version. Brassens aurait pu chanter celle-ci. Il avait le physique nécessaire.
Il suffit de l'imaginer avec un casque bol enfoncé sur le crâne, la mentonnière
évidemment pendante, assis sur la selle défoncée d'une Gnome et Rhône, ou d'une
Monet-Goyon du milieu du siècle dernier.
Ballade
des cames du temps jadis
Un
peu partout dans le pays
On
cultive les motos anciennes,
Les
ancêtres qui font du bruit
Et
ne tiennent pas la moyenne.
On
en retend souvent la chaîne,
On
en lubrifie les cardans,
On
ne ménage pas notre peine,
Car
ce sont des bielles d'antan.
Mais
du Japon les fils maudits
Ont
condamné nos vieilles reines
En
nous fabriquant des produits
A
la fiabilité certaine
Qu'est
devenue la poésie
Quand
tout marche parfaitement ?
Chez
Honda, pas un joint ne fuit,
Mais
où sont les bielles d'antan ?
L'injection
a tout envahi
La
carburation est sereine
Les
freins freinent sans faire de bruit
La
tenue de route est souveraine
Le
guidonnage est oublié
Les
pneus sont antidérapants,
Les
pistons ne savent plus serrer
Mais
où sont les bielles d'antan ?
Les
nouvelles meules sont vilaines
On
ne peut que souhaiter vraiment
Que
ce refrain nous les ramène
Mais
où sont les bielles d'antan ?
Bon,
voilà. Politiquement correct, et tout et tout… A vous de me dire ce que vous
préférez, à l'occasion. De mon point de vue, celui-là, on aurait pu s'en
passer. Il faudra que je le re-cycle, à l'occasion, dans Moto-Revue Classiques,
ou dans Moto Légende.
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