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lundi 15 octobre 2012

Il ne faut pas confondre "se prendre pour Prévert" et "être alpage"



Puisque nous avons attaqué le registre coquin, je vous propose une autre parodie de poème. En cette matière, je ne saurais que trop vous conseiller, pour profiter à fond, de relire le poème d'origine, si vous ne le connaissez pas. Nous changeons complètement d'époque pour nous intéresser à la deuxième partie du vingtième siècle, et à un génie nommé Prévert. Si j'osais une image mercantile, je dirais que Prévert, c'est un peu l'épicier arabe du quartier. On trouve de tout chez lui, du rire et des larmes, provoqués sans fioritures, avec des mots simples. De mon petit point de vue, on trouve aussi beaucoup de foutage de gueule, si vous me pardonnez l'expression. On aura d'ailleurs l'occasion d'en reparler plus loin. Il a en effet eu le droit à plusieurs pastiches. Le premier que je vous propose maintenant s'appelle :


Pour faire le portrait d'un oiseau
(il s'agit d'un premier geai)

Peindre d'abord un pantalon
Avec une braguette ouverte
Et sur le tissu des carreaux
Peindre ensuite
Un caleçon à pois
Un molleton
Un kangourou
Une ficelle
Ou rien du tout
Qui garde bien au chaud
Pour l'oiseau
Placer ensuite la toile contre un arbre
Ou un poteau
Une vespasienne
Une demoiselle parisienne
Se cacher dans le décor
Sans faire de bruit
Sans faire de geste…
Si le pantalon est adulte
Et pas trop vieux
L'oiseau arrive vite
Si la culotte est petite
Il peut aussi mettre plusieurs années
Avant de pointer son nez
Ne pas se décourager
Attendre
Attendre s'il le faut pendant des années
En évitant les orgelets
La taille et la vitesse de développement de l'oiseau
N'ayant aucune influence
Sur sa capacité
Quand l'oiseau se présente
Éviter de le tripoter
Ça ferait tache dans le tableau
Attendre qu'il pénètre
Fermer doucement la braguette
En prenant soin de ne pas coincer le pinceau
Puis
Effacer un à un les carreaux
Et le tissu qui les supporte
Sans toucher à l'oiseau
Faire ensuite le portrait d'une dame
Ou d'un jeune homme c'est selon
Peindre le velouté de leur peau
La tendresse dans leur regard
Et attendre que l'oiseau se hausse du col
Pour voir
S'il ne monte pas c'est inquiétant
Mais s'il se dresse
C'est bon signe
C'est que le tableau lui plaît
Que la vie peut continuer
Vous pouvez arrêter de peindre
Et dire merci à Pierre Perret

Honnêtement, je crois que c'est celui que je préfère. J'ai même la faiblesse (ou l'outrecuidance) de penser que peut être, de là-haut, s'il nous regarde, le vieux Jacques pourrait en sourire… Et je vous souhaite une bonne journée...

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